Ebc21
résumés
/ abstracts
C. Bernard,
Introduction |
Le théâtre anglais contemporain: la
scène impudique (E.
Angel-Pérez)
De la cochonnerie chez Irvine Welsh (D. Girard)
Considering Irvine Welsh's five novels
(Trainspotting, The Acid House, Ecstasy, Marabou Stork Nightmares
and Filth), the author studies the symbolism of pigs and swines
and the role of language in a literature which feeds on mess and excreta.
In the light of Arthur Schopenhauer's philosophy, the study then questions
the artistic value of contemporary works often labelled as "trash literature."
The author also suggests a gay reading of sexual representation in heterosexual
discourses. Last, the heterology programme initiated by Georges Bataille
as a sort of intellectual scatology in the early thirties, will serve as
a critical frame aimed at exposing the various degrees of obscenity present
in such ultra-realistic novels.
"Eve, whose eye
darted contagious fire"; expressivité et impudeur dans Written
on
the
Body de Jeanette Winterson (J.-M. Ganteau)
Cet article se situe dans le cadre
général des découvertes de Max Scheler et de Georges
Bataille, et se fonde sur une
définition de l'impudeur comme manière de trancher
l'hésitation
humain/spirituel, profane/sacré
caractéristique de la pudeur en faveur du second terme de cette
alternative. L'impudeur y est donc
analysée, à travers le récit de Jeanette Winterson,
comme régime de l'engagement univoque dans l'excès, les effets
et les affects. Plusieurs aspects du
roman sont analysés, notamment
la surcharge intertextuelle qui le caractérise (confession,
élégie, romance,
mélodrame et autres sources d'expressionnisme ou de sensationnalisme),
le processus emphatique de
littéralisation impudique, la précellence de la métonymie
comme moyen de visualisation (hypotypose, débordements baroques,
deixis du corps féminin). La
conclusion de ce travail s'intéresse
à l'impudeur comme stratégie de "presentification," à
savoir de dépassement de la mimesis traditionnelle, de convocation
de l'absent, dans un texte
romantique dont le but est de tout
dire.
"Eve, whose eye darted contagious fire": expressiveness
and shamelessness in
Jeanette
Winterson's
Written on the
Body
This article starts from a definition of shamelessness
taken from the works of Max Scheler
and
Georges Bataille. Shamelessness is thus seen
as a means of putting an end to the
hesitation
between the human/the spiritual, the profane/the
sacred that characterises shame. The
suspension
of the hesitation is associated with the univocal
choice for the second alternative, i.e. the spiritual and the profane.
Shamelessness is analysed through a reading of Jeanette Winterson's Written
on
the
Body
as a textual mode that makes for the prevalence of excess, effect and affect.
Various
aspects
of the narrative are addressed: its generic inheritance (confession, elegy,
romance, melodrama and other sensationalist components), the resort to
literalisation as a
defamiliarising
modality
of shamelessness, the use of metonymy as an instrument of visualisation
(hypotyposis, baroque,
excess, deixis, etc.). The conclusion concentrates on shamelessness as a
means to 'presentify,' that is to make things textually present instead of
just representing them, which links Written on the Body to
the tradition of romantic
literature.
The Last Testament of Oscar
Wilde:
autofiction et/ou ultime repli du
biographique? (G.
Letissier)
Le concept d'autofiction (Doubrovsky)
éclaire l'autoportrait-puzzle fictif que construit Ackroyd.
Entre le réfèrent
historique, la figure iconique et l'invention littéraire, Ackroyd
brouille les contours du sujet
unique dans le labyrinthe des discours du "je" : confessions, monologues
et conversations (Landor).
Indécidable, cet Oscar intradiégétique participe à
la fois de Narcisse et de Protée. La
rhétorique de l'aveu explore
la paederastia, replacée dans le contexte hellénisant
d'Oxford, à la fin du
XIXe siècle. Si, en dernier ressort, le "je" protéiforme
reconstruit n'est plus que le lieu
d'inscription de discours
multiples : de l'hommage à la tradition anglaise à la
célébration du mythe
(Oscariana), se pose alors la question
des formes que peut prendre l'écriture du soi. Finalement,
Last
Testament suggère
que l'autofiction serait le dernier repli du
biographique.
The Last Testament of Oscar Wilde: 'autofiction'
and/or last bastion of the biographic
mode?
Doubrovsky's concept of 'autofiction' sheds light
on Ackroyd's fictitious self-portrait of
Oscar
Wilde. Between the historical referent, the
iconic figure and the literary creation, Ackroyd
blurs
the contours of the individual subject within
the labyrinth of the various discourses on the
'I':
confessions, monologues and conversations
(Landor). This intradiegetic Oscar is undecidable
as
it partakes both of Narcissus and Proteus.
The rhetoric of the confession investigates
paederastia
in
the Hellenistic context of Oxford, in the last decade of the 19th century.
In the last resort,
it
would
seem that this protean 'I' only remains as a space for multiple discourses
ranging from a
homage
to the English tradition to the celebration of a myth: Oscariana. This raises
the issue of
the
genericity of any writing of the self in the so-called postmodern era. Through
Last
Testament
it
could be argued that 'autofiction' would be the last bastion of the biographical
mode.
La représentation du corps dans l'écriture
et la peinture de D.H. Lawrence
(B.
Macadré)
Le thème du nu est
omniprésent dans le roman testamentaire de D.H. Lawrence, Lady
Chatterley's Lover ainsi que dans ses peintures, dont certaines furent
saisies pour obscénité en 1929. Il existe chez Lawrence la
volonté de mettre en scène des gestes et des activités
intimes, voire impudiques propres
à heurter la pudeur du lecteur et du spectateur et ce, afin de replacer
le corps au premier plan de
la page et de la toile. Loin d'être absent et immatériel, le
corps lawrencien s'offre au
regard de toute sa substance, à la manière des pommes de
Cézanne, dont Lawrence
louait la pommité "appleyness." L'impudeur de la
représentation est amplifiée par
le "peindre laid" cher aux
Expressionnistes et aux Fauves et par une volonté de désapprendre
à peindre et à
écrire pour mieux dire. En ce sens, peintures et roman sont des
uvres primitives
révélatrices d'un processus
purificateur nécessaire pour regarder les choses en face et
retrouver l'innocence originelle
d'avant la
honte.
Nudes, whether masculine or feminine, are
a recurrent theme both in D.H. Lawrence's
ultimate
novel, Lady Chatterley's Lover, and
in his paintings, some of which were seized for obscenity
in
1929. Lawrence's insistence on staging intimate,
shameless gestures and activities hurts
the
reader's or the spectator's modesty and forces
them to "look the thing in the face." Far
from
being
absent or immaterial, the Lawrentian body presents itself to the gaze in
its powerful
substance
and "thereness," in the same way as Cezanne's apples reveal their "appleyness."
The
shamelessness of the representation is yet emphasized by Lawrence's
will to unlearn writing
and
painting
skills in order to utter things in a more direct way. Paintings and novel
could then be
considered
as primitive works of art exposing the purifying process necessary to
regain
prelapsarian
innocence, before Shame was.
Exhibition and (self) advertisement: Philip Laridn's 'Sunny Prestatyn' (P. Volsik)
The paper is an attempt to reflect on the notion
of shamelessness working from a close reading
of
Philip Larkin's 'Sunny Prestatyn', a work
that is seen as symptomatic of a certain type of
post-
Modernist poem. The article concentrates on
the representation and violation of the image of
a
woman's body, a particular representation
of male desire, the problem of impudence as a
social,
cynicism as a philosophical, and iconoclasm
as an aesthetic strategy. It concludes by looking
at
Larkin's ambivalent attitude towards the lyrical
and the general question of the existence of
an
'aesthetics' of
'impudeur.'
Cet article aborde le problème
de l'impudeur à travers une explication de texte du poème
"Sunny Prestatyn" de Philip
Larkin uvre qui est analysée comme symptôme d'un
certain type de poésie
anglaise post-moderniste. Il réfléchit sur la représentation
d'un "viol" de l'image d'un corps
de femme et la mise en place d'un
certain désir masculin, sur l'impudence comme stratégie
sociale, le cynisme comme
stratégie philosophique et l'iconoclasme comme stratégie
esthétique. L'article se
conclut en examinant l'ambivalence et l'ambiguïté d'un texte
qui négocie constamment avec le
lyrisme, et pose la question de
l'existence possible/impossible d'une "esthétique de
l'impudeur."
"A
clever line / Or a good lay" : W. H. Auden et l'écriture de
l'impudeur (P. Aquien)
On se demandera dans cet article si
le concept d'impudeur permet de comprendre ce que W. H.
Auden donne à lire et à
voir, et qui, selon les convenances, ne devrait pas être vu.
L'interrogation majeure porte
sur la mise en scène de ce qui a priori ne se montre pas sur la
scène publique, mais qui
peut s'écrire, ou se décrire : l'analité d'une
part, la sexualité de l'autre. On évoquera alors
l'un des aspects de la conception
audenienne de l'Éros, sa nature physique, pour en explorer les
modalités, en particulier dans
sa composante majeure, celle de l'homosexualité. On pourra
toutefois se demander si écrire n'efface pas l'intention impudique
et si, pour obscène qu'elle soit
dans ses instances extrêmes,
la confession écrite et ritualisée par le biais du travail
poétique ne réduit
pas l'impudeur à une source, un moteur, une
impulsion.
This article considers the way in which the concept of immodesty helps understand what W. H. Auden's poetry visually suggests and puts forward. The major issue is related to the staging of anality on the one hand, to sex on the other, namely two human facts hardly supposed to be explicitly exhibited, for conventional social and moral reasons. A major aspect is related to the physical nature of Auden's conception of love, more specifically the issue of homosexuality. One may however wonder whether the immodest 'confession', however obscene it may be at times, is not undermined by the very process of poetic writing, which reduces it to a mere abstract source and impulse.