Ebc14

résumés / abstracts

Linda Hutcheon, "'The Strings of Lust': Angela Carter and the French Connection."
Laurent Lepaludier, "Passages du miroir et miroirs du passage dans 'Reflections' d'Angela Carter."
Paul Volsik, "The canonisation of modernist poetry in the mid-thirties."
Claire Tardieu-Garnier, "L'exil dans Farewell Happy Fields de Kathleen Raine."
Catherine Hoffmann, "Music Ho! de Constant Lambert ou les impasses de la musique des années 20."
Bernard Gensane, "L'épiphanie du banal dans Coming Up for Air de George Orwell."
Delphine Kresge, "Le rôle du cadavre dans le roman à énigme."
Paul Veyret, "Timothy Mo, The Redundancy of Courage : le mot à maux de Mo."
Catherine Pesso-Miquel, "'The Real Thing' : authenticité et théâtralité dans Ever After de Graham Swift."
Dominique Vinet, "Last Orders de Graham Swift : à la recherche du narrateur perdu."
Liliane Louvel, "Last Orders de Graham Swift : 'Ode on a Cockney Urn'."

"The Strings of Lust": Angela Carter and the French Connection

Linda HUTCHEON

A British novelist, Angela Carter, elects to answer back-in an ironic counter-discursive manner-to both the life and art of French poet, Charles Baudelaire. Through the complex intertextual play of her story, "Black Venus," Carter reinserts into history (and avenges) the figure occulted by the nineteenth-century's patriarchal and colonial discourses: Baudelaire's mulatto mistress, Jeanne Duval – the silent and silenced inspiration of his "Black Venus" poems.

"Les ficelles du désir" : Angela Carter et la filière française

Dans sa nouvelle "Black Venus", Angela Carter reprend, sur un mode ironique à contrecourant du discours habituel, la vie et l'art de Charles Baudelaire. Par un jeu intertextuel complexe, elle restitue la dimension historique d'un personnage occulté par le discours patriarcal et colonial typique du dix-neuvième siècle, et réhabilite ainsi la maîtresse mulâtre de Baudelaire, Jeanne Duval, qui, réduite au silence, fut la source muette d'inspiration de ses poèmes sur la "Vénus noire."


Passages du miroir et miroirs du passage dans "Reflections" d'Angela Carter

Laurent LEPALUDIER

Toute l'histoire de "Reflections" est centrée sur le miroir. Source de reflets ou lieu de passage, le miroir est dépositaire d'un savoir. Objet herméneutique par excellence, il révèle, paradoxalement, l'invisible des apparences, la face des choses et de soi que l'on ne peut voir qu'indirectement. Tout d'abord, c'est à travers le filtre du narrateur que le lecteur est amené progressivement à la connaissance du monde spéculaire. Le narrateur contrôle la distribution du savoir en la réduisant en fait à la découverte progressive expérimentée dans son aventure. L'expérience de la traversée du miroir se vit comme une recherche angoissée de la logique du monde de la différence, dont le protagoniste tente, comme Alice, de décoder les règles. À l'intérieur de ce milieu étrange, le principe d'inversion joue à plein et la logique du miroir d'Alice est poussée à son paroxysme.

La connaissance se fait aventure, véritable naissance, passage et initiation à un savoir jusqu'alors inaccessible. Cette aventure. et singulièrement le passage du miroir, symbolisent la découverte du monde des femmes. Pour l'homme, cette expérience cauchemardesque est l'occasion de vivre la différence sexuelle mais révèle aussi à quel point le monde féminin est piégé par le processus d'inversion.

Enfin, objet spéculaire, le miroir révèle l'écriture même d'Angela Carter. "Reflections" se caractérise par sa dimension métatextuelle. Le miroir, objet central à valeur symbolique, reflète la nouvelle, sa structure, ses figures privilégiées et son jeu intertextuel. Subversive, la perspective métatextuelle interroge l'héritage culturel et ses conventions.

Getting through and looking through the looking-glass: Angela Carter's "Reflections"

The story of "Reflections" focuses on the mirror. A source of reflections or a place for passages, the mirror embodies knowledge. An archetypal hermeneutic object, it paradoxically reveals the invisible side of appearances, the other side of things and of the self which can only be seen indirectly. First of all, it is through the filter of the narrator that the reader is progressively led to the knowledge of the specular world. The narrator controls the flow of knowledge by reducing it to the progressive discovery experienced in his adventure. Getting through the mirror feels like an anguished search for the logic of the world of difference, the rules of which the protagonist endeavours to decode. In this strange environment reigns the principle of inversion and the logic of Alice's mirror reaches a paroxystic point.

Knowledge is like an adventure, like a birth, a passage, an initiation to a previously inaccessible realm. This adventure, and more particularly the passage through the mirror, symbolise the discovery of the world of women. For the male protagonists this nightmarish episode is the opportunity to experience gender difference, but it also shows how the female world is trapped by the principle of inversion.

Finally, a specular object, the mirror reveals Angela Carter's writing itself "Reflections" is characterized by its metatextual dimension. The mirror, a central symbolic object, reflects the short story, its structure, its main figures and its intertextual play. The subversive metatextual perspective questions our cultural heritage and its conventions.


The canonisation of modernist poetry in the mid-thirties

Paul VOLSIK

The article examines the notion of the canon and the theoretical problems it raises in the light of one concrete example. It proceeds by clarifying different types of canon and goes on to analyse the nature, structure, context and aesthetic priorities of an example of canonisation of a particular movement (Modernism) in Michael Roberts' justifiably famous anthology: The Faber Book of Modern Verse (1936). This work is seen as founding and grounding the Modernist poetic canon, inscribing it in a form that has not been modified fundamentally in the sixty years since – a phenomenon which would be inexplicable if all canons were purely tactical constructs. The article then raises the problem of exclusion from the canon, in this case the absence of women poets from the Modernist canon as Roberts instituted it and as it has been maintained until the present. The article finally examines a failed Revisionist attempt to combat this canon: Yeats' Oxford Book of Modern Verse which was published a few months after Roberts'. This latter anthology, is seen as the first of a series of attempts to dialogue with the Modernist canon as Roberts enshrined it, and to try to find a poetic alternative – something that will really bear fruit only twenty years later, in the fifties.

La canonisation de la poésie moderniste dans les années trente

Cet article aborde la notion problématique du "canon" d'un point de vue théorique par l'étude d'un exemple et d'un genre particulier (la poésie). Dans un premier temps il soulève le problème posé par la notion même de "canon" en essayant d'en cerner différents types dont le "canon de mouvement" – dans ce cas (un cas d'école) le canon de la poésie "moderniste" de langue anglaise tel qu'il a été mis en place par Michael Roberts dans son Faber Book of Modern Verse (1936). L'article analyse donc la nature, la structure, les choix esthétiques et le contenu de cette anthologie qui a dessiné la carte du Modernisme tel qu'elle nous a été léguée. La pérennité de ce canon serait incompréhensible si tous les canons n'étaient que des constructions tactiques. L'article aborde ensuite le problème de l'exclusion des poètes femmes du canon moderniste et se terrine en examinant une des premières tentatives (avortée) pour remettre en cause la lecture proposée par Roberts de la poésie du début du siècle. Il s'agit de l'Oxford Book of Modern Verse de W.B. Yeats (1936). L'anthologie de Yeats est vue à la fois comme une critique des priorités esthétiques du Modernisme et une des premières propositions pour établir une esthétique poétique autre – celle même qui refera surface vingt après dans le "post-Modernisme" poétique anglais.


L'exil dans Farewell Happy Fields de Kathleen Raine

Claire TARDIEU-GARNIER

Dans Farewell Happy Fields, Memories of Childhood, premier volume de son autobiographie, Kathleen Raine tente de mettre à jour le fil de sa destinée au delà des avatars de l'expérience. Cet ouvrage nous montre que l'héritage matriarcal de l'Éden transmis par une mère poétique contient en germe l'héritage de l'exil. Mais le vécu personnel de l'enfance revêt un sens universel en s'inscrivant parfaitement dans la tradition platonicienne de l'incarnation de l'âme, comme si l'histoire individuelle vibrait à l'unisson d'une histoire commune qui serait l'essence de l'humanité. L'exil devient fondateur de la vie et de l'oeuvre tout entière.

Exile in Kathleen Raine's Farewell Happy Fields

In Farewell Happy Fields, Memories of Childhood, Kathleen Raine aims at discovering "her allotted task," the "inner pattern" of her life beyond the various illusions of experience. The first volume of her autobiography shows us that the kinship of Eden transmitted to her by her mother is correlative with a kinship of exile. What seems a personal experience takes on a wider and deeper meaning when Kathleen Raine discovers the arts and teachings of Tradition. Her individual experience of Paradise and exile echoes the universal experience of the soul in Plato's philosophy. Exile is not only inevitable but also necessary to her poetic life and work.


Music Ho! de Constant Lambert ou les impasses de la musique des années 20

Catherine HOFFMANN

Compositeur, directeur musical du Sadler's Wells Ballet de 1931 à 1947, chef d'orchestre, critique musical, ami des SitweH et de Anthony Powell, Constant Lambert (1905-1951) fut une personnalité marquante du monde intellectuel londonien dès la fin des années 20.

Son ouvraae Music Ho! A study of Music in Decline, publié en 1934, présente pour le lecteur de la fin du vingtième siècle un triple intérêt: H fournit à la fois un témoignage sur les interrogations et paradoxes esthétiques des années 20-30 par un acteur de la vie artistique de cette époque, une brillante démonstration de critique musicale soucieuse de replacer l'évolution de la musique dans son environnement artistique et social, et enfin l'expression de la préoccupation fondamentale que constitue la relation entre l'art et le public.

Constant Lambert's Music Ho! or the music of the 20s in a cul-de-sac

Composer, musical director of the Sadler's Wells Ballet from 1931 to 1947, conductor, music critic, friend of the Sitwells and of Anthony Powell, Constant Lambert (1905-1951) was from the late 20s, a prominent figure of the London intellectual world.

The appeal for the late 20th century reader of his book Music Ho! A Study of Music in Decline, published in 1934, is threefold: an account of the aesthetic doubts and paradoxes of the20s-30s written by one of the people most involved in the period's artistic life, it is also a brilliant illustration of a form of musical criticism which examines the evolution of music in the light of its artistic and social environment, and finally it expresses the fundamental concern with the relationship between the work of art and the public.


L'épiphanie du banal dans Coming Up for Air de George Orwell

Bernard GENSANE

Cette lecture de Coming Up for Air nous ramène aux préoccupations centrales de toute la vie d'écrivain d'Orwell : ne jamais sacrifier la vision du monde acquise pendant son enfance, repenser les problèmes de construction du langage face à la vérité historique sans jamais "abdiquer [ses] instincts littéraires," "fondre en pleine conscience et en un même projet l'art et la politique." Ce roman est la preuve que le quotidien et l'apocalyptique sont consubstantiels, que pour comprendre le continuum de la réalité, il faut d'abord le démembrer, qu'un détail, insignifiant peut être en fait une catastrophe annonciatrice d'un nouveau sens, l'épitomé de toutes les contradictions du monde, le point d'ancrage de la subjectivité, un détail extraordinaire et banal, à la fois réaliste dans la mesure où il prend en compte le réel et subjectif puisque la sélection opérée par le protagoniste atteste l'inscription du "je" dans le monde. Dans Coming Up for Air, Orwell a opéré la fusion de l'émotion la plus pure et de l'humour le plus distancié. Il a fait passer l'horreur par le banal, utilisant la médiation de l'évident pour énoncer la terreur. L'imposition du banal a neutralisé l'émotion lorsque le recul et la réflexion étaient nécessaires.

The epiphany of the commonplace in George Orwell's Coming Up for Air

This analysis of Coming Up for Air brings us back to Orwell's major concerns as a writer: never to sacrifice a vision of the world secured during his childhood, and to reassess the problems of language in the face of historical truth without "violating [his] literary instincts," to "fuse, with full consciousness, political purpose and artistic purpose into one whole." This novel testifies that everyday life and the Apocalypse are consubstantial, that to understand the continuum of reality one has to dismember it, that a seemingly meaningless detail can in fact be a catastrophe heralding a new meaning, the epitome of the contradictions of the world. This detail is the anchorage of subjectivity, both extraordinary and banal, realistic since it takes the real into account, and subjective because the selection effected by the protagonist vouches for the inscription of the "I" in the world. In Coming Up for Air, Orwell blends the purest of emotion and the chilliest of humour. He conveys horror by means of trivialities, using the mediation of the obvious to express the terrifying. The imposition of the commonplace neutralises emotion when distance and reflection are necessary.


Le rôle du cadavre dans le roman à énigme

Delphine KRESGE

Le cadavre, dans le roman à énigme britannique, n'a pas toujours joué le même rôle. Tour à tour simple point de départ d'enquête, indice, puis objet d'autopsie, le cadavre a suivi l'évolution du goût du lecteur ainsi que celle des techniques de la police scientifique. Toutefois, son rôle essentiel dans le roman policier est de fournir, par sa seule présence, un sujet de narration. Le récit policier se fonde en effet essentiellement sur la disparition de celui qui aurait pu être le narrateur idéal, seul témoin du meurtre à ne pas avoir de raison particulière de mentir... à moins que...

The role of the corpse in British whodunnits

In British whodunnits, the corpse has not always held the same degree of importance. Following the evolution of readers' tastes and of the scientific methods used by the police, the body bas either been a simple starting point for an investigation, a clue or the subject of an autopsy. Yet, the main role of the corpse in detective fiction is to be the centre of a narration, due to its mere presence. The narration, in detective novels, is essentially based on the disappearance of the only character who could have been the ideal narrator, the only witness of the murder with no motive for lying... unless...


Timothy Mo, The Redundancy of Courage : le mot à maux de Mo

Paul VEYRET

The Redundancy of Courage (1991) est une apologie de l'ironie, fondation de toute fiction. Adolph Ng, le narrateur, révèle l'ambiguïté du monde qu'il décrit : Danu, une île portugaise qui accède à l'indépendance avant d'être annexée par ses voisins. Le récit fait percevoir l'ambiguïté culturelle de populations colonisées à l'identité schizophrène ; ambiguïté du narrateur lui-même : à la fois à l'intérieur et hors du cadre narratif; et finalement ambiguïté du récit même, qui oscille entre plusieurs conventions de représentation: réalisme ou fantastique. Mais, de par son recours à l'ironie comme mode d'expression, Mo appartient à la tradition du roman européen.

The Redundancy of Courage: Timothy Mo's woeful words

The Redundancy of Courage is a vindication of irony, which is the foundation of narrative discourse. Through the eyes of the narrator Adolph Ng, the ambiguity of his world is revealed: Danu, an ex-Portuguese colony, before and after invasion by its neighbours. What the novel lays bare is the cultural schizophrenia of a post-colonial community. The narrator himself cuts an ambiguous figure: both within and without the frame of fiction. The novel's writing is ambiguous, constantly oscillating between different conventional forms of representation: realism and fantasy. Thanks to his handling of irony, Mo belongs to the great tradition of the European novel.


"The real thing" : authenticité et théâtralité dans Ever After de Graham Swift

Catherine PESSO-MIQUEL

Dans Ever After, l'intérêt de Graham Swift pour le théâtre – art du factice et de l'illusion – se double d'une réflexion sur l'authenticité et sur la problématique de la représentation artistique non pas du réel mais du "vrai." Cet article analyse deux hypotextes implicites du roman (une nouvelle de Henry James et une pièce de Tom Stoppard, toutes deux intitulées The Real Thing) et s'attache à montrer comment, dans un roman brillamment hybride où la théâtralité des situations est mise en avant, où la narration se métamorphose volontiers en scène théâtrale, l'existence de l'"authentique," d'abord célébrée, se voit peu à peu relativisée et problématisée.

"The real thing": theatricality and substitutes in Graham Swift's Ever After.

In Ever After, "substitoot" begins by rhyming with "prostitoot," but "the real thing," at first sung and celebrated, is little by little questioned and relativised by the narrator, who is led to the bitter conclusion that "the real thing," whether it be love, or identity (the "real self") may not exist after all. The theatre, world of illusion, "epitome of the false," serves as a unifying metaphor in this novel, and it even serves as a generic model, since some of the episodes are actually written as theatrical scenes. The present study concentrates on this paradoxical use of theatricality by a novelist, and analyses the implicit intertextual links of the novel with a short story by Henry James ("The Real Thing," 1893) and a play by Tom Stoppard (The Real Thing, 1982).


Last Orders de Graham Swift : à la recherche du narrateur perdu

Dominique VINET

Dans Last Orders, la focalisation tournante signale une volonté herméneutique et pose un problème ontologique. Qui joue le rôle du narrateur derrière les personnages-énonciateurs ? La réponse se trouve peut-être dans la confusion des déictiques dont le signifiant pluriel tente d'opérer la jonction entre le Moi collectif des personnages et l'Autre signifié par une urne funéraire qu'on se passe à tour de rôle comme l'auteur distribue la fonction de narration.

On trouve confirmation d'une présence narrative dans l'infestation des analepses par le présent qui signale un métalangage à l'oeuvre sous le récit en construction et figure peut-être l'absent, celui par qui et pour qui les personnages se lancent dans la recherche d'un temps perdu.

Last Orders by Graham Swift: in search of the lost narrator

In Last Orders, focalisation is dispersed amongst the characters, which poses an ontological problem. Who plays the part of the narrator behind the characters in charge of the enunciation? The answer may well be in the confusion of the deictics whose multifarious signifier attempts to bridge the gap between the characters' collective self and the Other signified by a funeral urn that is handed round as the author deals out the narrative function.

The presence of a narrator becomes apparent in the analepses infested with the present tense which signals a metalanguage at work beneath the narrative under construction and may symbolise the absent man, for the sake of whom the characters have set off in search of some lost time.


Last Orders de Graham Swift: "Ode on a Cockney Urn"

Liliane LOUVEL

C'est une intuition qui a donné naissance à ce travail. Lisant le dernier roman de Swift, il m'a semblé que cette oeuvre renouait avec la tradition antique et faisait resurgir l'ekphrasis sous une forme détournée et parodique, à la manière post-moderne. "Ode on a Cockney Urn" donc, en hommage à Homère, à Keats, mais aussi à Spitzer dont l'étude sur l'Ode de Keats sert de point de départ à ce travail. On examinera donc les trois composantes de la proposition, Last Orders est une urne, une ode, du cockney. Le livre-urne repose sur une stratégie de la circularité, des enchâssements et une opération de pulvérisation. La mort rôde en ce jardin tandis que les pièges du hasard et les jeux de la chance offrent le salut à quelques uns. Le titre l'annonçait, Last Orders emprunte la voix de l'humain pour parler de l'humain. Le défunt, la figure du père, est tour à tour trompé et aimé. Resteront en "mémoire" une trace, un vestige, l'empreinte d'un livre. Et la compassion, en prime.

Graham Swift's Last Orders: an "Ode on a Cockney Urn"

This paper stemmed from an intuition. Reading G. Swift's latest novel, I felt that the book was renewing, with the old figure of the ekphrasis in a parodic way well in keeping with the post-modern manner. "Ode on a Cockney Urn" then, to pay homage to Homer, Keats but also to Spitzer whose study of Keats' work inspired this paper. Three components of the proposal will come under scrutiny: Last Orders is an urn, an ode and a cockney one at that. The urn-book develops on a circular pattern together with embedded narratives and a process of pulverisation. Death lurks in the garden whereas the traps laid by chance and luck offer salvation to some of the characters. Last Orders borrows the human voice to tackle very human issues. The figure of the dead father is alternately betrayed and loved. Memory will bear a trace, a vestige the print of a book. And compassion, on top of that.