Ebc hors série

résumés / abstracts
                           

 Daniel Ferrer, "Récit, métamorphose du récit... quelques éléments programmatiques de génétique woolfienne."
 Jean-Jacques Lecercle, "L'Ecriture féminine selon Virginia Woolf."
 Frédéric Regard, "Clapham Junction 1910 (&eacutethique et esthétique de 'Mr Bennett and Mrs Brown')."
 Michèle Rivoire, "Pour l'amour de Mrs Brown."
 Liliane Louvel
, "'The Lady in the Looking-Glass.' Portrait(s) de dame(s) avec miroir."
 Christine Reynier, "Récit de métamorphoses, métamorphoses du récit dans 'The Shooting Party'."
 Barbara Lambert, "Du vent dans les branches de l'orme."
 Chantal Delourme, "La figure, la nuit dans 'Time Passes'."
 Catherine Lanone, "Métaphore et métamorphose dans To the Lighthouse."
 Carole Rodier, "Percival dans The Waves."
 André Topia, "Intensités : de l'utilisation de la couleur chez Virginia Woolf."
 Hubert Teyssandier, "L'Ondulation dans The Waves." (pas de résumé)

Récit, métamorphose du récit, récit de métamorphose du récit : quelques éléments programmatiques de génétique woolfienne

Daniel Ferrer (ITEM/CNRS)  

On ne peut pas traiter comme des réalités indépendantes le texte (le récit), la genèse du texte (les métamorphoses du récit) et la reconstruction de cette genèse (récit de métamorphoses du récit). Cet article voudrait mettre en évidence un certain nombre de chevauchements, d’interactions et d’effets en retour qui interdisent une distinction tranchée.

En s’interrogeant sur l’enchaînement des tous premiers projets d’Orlando, d’une part, et sur les principes constitutifs du Journal d’un Ecrivain d’autre part, on s’efforce de montrer l’importance des processus de découpage et de remaniement de matériaux préexistant, qu’ils soient thématiques, textuels ou génériques, et l’impossibilité de réduire la genèse à un parcours linéaire.

Abstract :

It is impossible to consider the text (narrative), the genesis of the text (narrative transformation) and the reconstruction of the genesis (narration of narrative transformation) as separate entities. The amount of interaction, overlapping and feed back is so important that an absolute distinction cannot be established between them.

Inquiring into the articulation of the earliest projects for Orlando, on the one hand, and into the ditorial principles of A Writer’s Diary on the other, this paper proposes to show that selection and reorganization of existing, thematic, textual or generic material is a pervasive process and that genesis cannot be reduced to a linear course.


 L'Ecriture féminine selon Virginia Woolf

Jean-Jacques Lecercle (Université Paris X-Nanterre)   

Ce texte est un commentaire détaillé du compte-rendu d'un volume de Pilgrimage, de Dorothy Richardson, par Virginia Woolf. Woolf y définit, dans une formule devenue célèbre, mais problématique, une "phrase féminine". Le texte commente le compte-rendu sous la forme d'une opération tropique de grammaticalisation : les propositions de Woolf sont traduites en termes grammaticaux, ce qui donne une caractérisation grammaticale de la phrase féminine, selon neuf caractéristiques (l'opération s'inspire d'un texte fondateur de Robin Lakoff). Le texte conclut en décrivant deux polarités stylistiques en termes de filage et de tissage.

abstract :

This essay is a close reading of Virginia Woolf's celebrated review of a volume of Dorothy Richardson's Pilgrimage, in which Woolf defines what she calls a "feminine sentence". This essay reads Woolf's text under the trope of grammaticalization : each of the nine characteristics ascribed by Woolf to the "feminine sentence" is translated into grammatical terms. The whole operation finds its inspiration in a seminal text by Robin Lakoff. In the conclusion, two stylistic polarities are described through the metaphors of spinning and weaving.


 Clapham Junction 1910 (éthique et esthétique de "Mr Bennett and Mrs Brown")

Frédéric REGARD (Université Jean Monnet-St Etienne)  

Ce travail se propose de démontrer que "Mr Bennett and Mrs Brown" est l'histoire non tant d'une rencontre avec un personnage particulier que de la découverte d'un style. Partant des thèses de Jakobson sur les deux formes d'"arrangement" des unités linguistiques, le procès métonymique et le procès métaphorique, l'analyse s'inspire ensuite des analyses de Deleuze et Guattari sur le "disjonctif" pour tenter de dégager la spécificité de la métaphore woolfienne, qui prend alors la forme d'un train fantôme entrant en collision avec le train métonymique du réalisme. Ce travail insiste toutefois sur la dimension paradoxalement éthique de cette aventure esthétique : seuls les écarts métaphoriques permettent d'approcher l'unicité du character.

 Abstract :

The ambition of the paper is to demonstrate that "Mr Bennett and Mrs Brown" presents itself as the relation not so much of an encounter with a character as of the discovery of a style. Starting from Jakobson's distinction between the metonymic and the metaphoric arrangement of linguistic units, the analysis later draws on Deleuze and Guattari's notion of "disjunction" to define Woolf's train of metaphors as a phantom train colliding with the realist train of thought. Throughout the article the author insists that this collision retains a paradoxically ethical dimension. The metaphoric deviations lay out the way to the character's "reality".


 Pour l'amour de Mrs Brown

Michèle RIVOIRE (Université Jean Monnet - Saint Etienne)  

 

Le mythe de métamorphose est une forme immémoriale du récit. C'est une construction fictionnelle qui articule l'histoire d'un sujet au tout autre d'une cause relevant de la tuché aristotélicienne et lacanienne : une cause par accident, indexée à un au-delà du plaisir, de la douleur et du désir, présentifiée par la mutation minérale, végétale ou animale. De même, dans les récits woolfiens, une béance est au centre de la logique romanesque, laquelle est ordonnée à des instants de vision, d'extase ou de déréliction suspendus au-dessus d'un vide causal. La fiction woolfienne privilégie le personnage par rapport à l'intrigue. La res de celui-ci, consiste dans ces "moments" sculptés dans une langue où le silence, la coupure, la stase littérale, la répétition et la circularité des rythmes aménagent le temps de la tuché et en relaient poétiquement les ratages inévitables. Ainsi la mutation est poétique et elle est ancrée dans l'innommable, le hors-sens et l'indéterminé qui constituent le dehors du langage, son autre face.

Abstract :

The myth of metamorphosis is an immemorial form of the narrative. It is a fiction connecting the story of a subject to the radical otherness of a cause pertaining to the Aristotelian and Lacanian tuché : a chance cause pointing towards the beyond of pleasure, suffering and desire and represented by a mineral, vegetal or animal mutation. Likewise, in V.Woolf's fiction, a gap is at the centre of the logical causality, which is organized round instants of vision, ecstasy or un-being suspended above a causal void. Virginia Woolf's narratives give more importance to the character than to the plot. The res of the character consists in "moments" fashioned in a tongue where silences, ruptures, repetitions and rhythmic circularity, phonic and syntactic stasis organize the temporality of the tuché, taking over from its inevitable failures. Thus the mutation is poetical; it stems from the unnamable, the nonsense and the indeterminate which constitute the border between language and the real, the outer face of language.


 Virginia Woolf : "The Lady in the Looking Glass" Portrait(s) de dame(s) avec miroir

Liliane LOUVEL (Université de Poitiers)  

 

Cette nouvelle énigmatique, modelée sur la forme emblématique du miroir, entraîne le lecteur dans un labyrinthe de significations révélées grâce à la torsion inlassable des signifiants filant la rhétorique du texte. La mince scène-prétexte reflète le travail de l'imaginaire et de la création, expérience métaphysique et phénoménologique. Lorsque l'invisible entre dans le champ du visible, il n'y a rien. Le sens ne peut advenir que dans le va et vient entre signifiant et signifié, dans le désir vers/de la chose. Processus narcissique, "La dame dans le miroir" révèle la chute des illusions, la nécessité de détruire le double inquiétant. L'ultime métamorphose, n'est autre que celle de la forme, celle de la nouvelle, essai-récit-théorie, celle de la singulière parole de Virginia Woolf, qui dit le rien contre le néant.

Abstract :

This enigmatic short story, modelled on the emblematic shape of the looking-glass, lures the reader into a labyrinth where a plurality of meanings unrelentingly twists the signifiers within the rhetoric of the text. The flimsy original scene points to the role of imagination and creation, to a metaphysical and a phenomenological experience. When the invisible enters the field of the visible, there is no-thing. Meaning can only arise in the oscillation between signifier and signified, in the desire of/towards the thing. A narcissistic process, "The Lady in the Looking-Glass" tells about the collapse of illusions, about the necessary destruction of one's uncanny double. The ultimate metamorphosis is that of the shape, that of the short story in-between essay-fiction-theory, that of the singular voice of Virginia Woolf, using "nothing" to fend off nothingness.


 Récit de métamorphoses, métamorphoses du récit dans "The Shooting Party"

 Christine REYNIER (Université Michel de Montaigne-Bordeaux III)  

 

Ces pages présentent une micro-lecture d'une nouvelle de Virginia Woolf qui n'a guère été lue que comme une caricature - lecture légitime d'ailleurs puisque "The Shooting Party" est tout d'abord caricature d'une classe, l'aristocratie terrienne, et représentation caricaturale de l'ordre patriarcal. Le récit est cependant plus complexe qu'il n'y paraît : il verse dans le fantastique, évoque des métamorphoses qui acquièrent au fil des pages une dimension métaphorique et disent l'indicible - ce que "A Sketch of the Past" prétendra révéler. Cette expérience douloureuse devient à son tour métaphore de l'origine de l'écriture. Cette nouvelle révèle encore plus sûrement que les romans la méthode de Virginia Woolf, les emboîtements de niveaux narratifs et de sens sur lesquels repose son écriture, ici véritablement jamesienne.

Abstract :

"The Shooting Party" has been read so far, according to the writer's wish, as a caricature. Indeed, it offers a caricature of a class, the landed gentry, as well of the patriarchal order. However the narrative has more depth than Virginia Woolf chose to reveal in her diary : it borrows from fantastic literature and depicts metamorphoses which gradually appear to be metaphors for what cannot be spelt out - i.e. what will be revealed in "A Sketch of the Past" much later. This indescribable experience becomes in turn a metaphor for the origin of writing. Virginia Woolf's method, the narrative embeddings and the shifts from the referential to the metaphoric and the metafictional levels, are here exemplified in a nutshell, in a truly Jamesian manner.


 Du vent dans les branches de l'orme

Barbara LAMBERT (Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)  

 

Dans l'entre-deux-guerres, la perception de la nature change radicalement. Après la Grande Guerre, la terre, souillée par le sang des hommes, meurtrie par les tranchées, n'en continue pas moins de porter des fruits, qui découvre à l'artiste un visage à la fois indifférent et cruel. Entre le monde intérieur de l'artiste et le spectacle que la nature souveraine tend à son regard, une fracture s'est opérée, qui semble irréductible.

Réduire la fracture, c'est bien de cela qu'il s'agit dans To the Lighthouse. Réduire la fracture ou relier l'île au phare, relier, pour reprendre l'image de Lily Briscoe, "la masse de droite et la masse de gauche" ou, comme dirait Mr Ramsay, relier "le sujet et l'objet." Entre la distance qui sépare le sujet de l'objet et celle qui interdit désormais à l'artiste moderne de se reconnaître en la nature, il est tentant de jeter un pont. D'autant que le roman, publié en 1927, naît précisément dans l'entre-deux-guerres.

Si To the Lighthouse est l'histoire d'une fracture, alors cette fracture est liée à l'effondrement du principe de représentation que l'artiste avait jusque là puisé dans l'ordre naturel. En effet, le principe métamorphique sur lequel repose l'ordre naturel qui, à partir du mobile, crée l'immobile ne permet pas à l'artiste d'exprimer la réalité du monde moderne qui, comme nous le verrons, se trouve désormais à la croisée de l'immobile et du mobile.

Abstract :

The artist's look upon nature was completely changed between the two wars. Spoilt by the trenches of the Great War and the blood of thousands of soldiers, the earth had nonetheless retained its serene face : it at least could recover. After the First World War, nature had turned into a cruel indifferent mother. As Malcolm Bradbury put it : "nature seemed an aggression against the self and the self seemed to be able to discover only defacement, despair and defeat." Between the inner world of the artist and the natural world, a breach was opened, which apparently nothing could fill.

To the Lighthouse is a story on how to fill the breach. It is a story on how to link the island to the lighthouse, on how to link — to use Lily Briscoe's own words — "the mass on the right hand" to "the mass on the left" or, as Mr Ramsay would say, "subject" to "object." It is tempting to establish a connection between the distance that separates the subject from the object and the distance that separates the artist from nature. This is all the more tempting since the novel, published in 1927, was precisely written between the two wars.

If To the Lighthouse is a story on how to fill the breach, then it may also be a story on the debunking of the representational principle that the artist had derived from the contemplation of the natural order. The natural economy is based on a principle that reminds one of metamorphosis : it achieves order through disorder, it achieves peace through perpetual movement. After the war, the principle that governs the natural order cannot provide the artist with a suitable representational tool any longer : to express the mobile reality of the modern world, the artist can no longer resort to a principle through which the mobile is invariably turned into the immobile.


La figure, la nuit dans "Time Passes"

Chantal DELOURME (Université de Lille III)  

 

La représentation de l'absence à laquelle se consacre tout entier "Time Passes" est ici envisagée dans sa dimension aporétique. Explorant les modes in absentia de la représentation, transformant la demeure en crypte, hallucinant le corps invisible, "Time Passes" parvient à donner forme à ce qui n'a pas de forme, à savoir l'invisible. L'expérience de déréliction est également portée dans le champ phénoménologique, ainsi qu'en attestent les images de tissus déchirés, fendus. Se privant du voir, se détournant de l'apparaître, le passage abonde en représentations mortifères et auto-parodiques d'une apparition qui n'est plus événement mais objet distancié. L'élan spéculatif qui nourrissait la représentation romantique de la nature convoquée par l'intertexte se replie dans les images de réflexivité. Enfin cette lecture du fantômal s'attarde sur l'indiscernabilité propre au figural dans ce passage, et dont l'expression extrême se reconnaît dans les images d'aveuglement. "Time Passes" donne ainsi naissance à l'objet fantômal de la modernité, la figure-en-soi, dont il reconnaît l'emblème dans la nuit devenue joyau.

 Abstract :

This study addresses the aporetic challenge inherent to the representation of absence, to which "Time Passes" is entirely devoted. Exploring the modes in absentia of representation, transforming the house into a crypt, hallucinating the invisible body, "Time Passes" gives shape to what has no shape, namely the invisible. The experience of dereliction is pursued in the phenomenological field, as shown through the prevailing images of fabrics which are torn, rent. Depriving itself of sight, no longer celebrating the process of appearing as "the" event", the passage includes numberless self-parodic representations of an apparition that has become a distanciated object. The speculative dynamic on which the romantic representation of nature rested and which is summoned up through the intertext gives way to images of reflexiveness. Lastly, this reading of the spectral focuses on one of its modes inscribed in the figural, namely its play with indiscernibility, the extreme expression of which is to be found in the images of blindness. "Time Passes" could be then seen as giving birth to the spectral object of modernism, the figure-in-itself, the emblem of which is the jewelled night.


Métaphore et métamorphose dans To the Lighthouse

Catherine LANONE (Université de Toulouse 2)  

Tissu d'images, l'écriture de Virginia Woolf est à la fois sublime et irritante. Il ne s'agit pas ici d'établir une taxinomie, mais de chercher à quel point le principe métaphorique est constitutif de la représentation des mécanismes psychiques conscients et inconscients. Mrs Ramsay cherche à extraire du temps des instants précieux qu'elle cristallise dans la mémoire, en leur associant des images métamorphiques ; la greffe est perçue comme féconde, mais aussi comme une interférence parasite. La mort de la mère arrache les repères, et la métaphore prolifère, anarchique, cancéreuse, comme si la partie centrale se donnait à lire en entier comme métaphore de l'impossible travail du deuil, disséminant ses "métaflores" monstrueuses.

Metaphor and metamorphosis in To the Lighthouse.

Virginia Woolf's style thrives on metaphors, an excess of images which is not merely decorative, but indistinguishable from the mental and textual fabric. Metaphors here are not deviant, parasitic upon the "normal" use of language, but metamorphic. Metaphors map mental processes, reflecting the characters' attempts to use images as moulds to transfix the moment. Mrs Ramsay's endeavour to knit signifiers is perceived as both magic and traumatic, since her death entails a mad proliferation of signifiers suggesting loss, trapping the narrative voice within the maze of metamorphic, or rather anamorphic, dispossession.


De "swords" à "words" ou la métamorphose de la quête de Perceval dans The Waves

Carole RODIER  

Notre étude porte sur une double métamorphose dans The Waves. Nous considèrerons le roman par rapport au texte auquel le nom de Percival renvoie le lecteur : Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval de Chrétien de Troyes qui contient tous les "invariants du mythe."

Notre mettrons en évidence des thèmes ou "mythèmes" communs aux deux textes. Bien que décrit comme un héros "solaire," Percival souffre d’un déficit ontologique. L’arme du héros, l’épée, déchire, en maints endroits, le tissu du texte woolfien, surgissant comme symbole d’un heurt entre le moi et le monde.

Ensuite il s’agit d’envisager la conversion de l’héroïsme traditionnel en un héroïsme littéraire. De l’épée aux mots comme réceptacles d’une nostalgie, porteurs d’un salut, se dessinent les étapes d’un cheminement spirituel. Les parcours héroïque et créateur sont sous-tendus par un même schéma mythique.

La véritable quête, c’est celle de Bernard qui garde la nostalgie d’une parole originelle. À la fin de The Waves, nous assistons à une mise en scène mythique de l’avènement à la parole. Silence et parole s’entrelacent dans cette phase ultime de la quête où Bernard oppose à l’Ennemi suprême la force de l’apostrophe héroïque.

La "résurgence" du mythe s’interprète comme désir d’inscrire le texte et l’être par rapport à une antériorité qui contient le sens, comme désir d’échapper à la double coercition du temps et de l’espace actuels, comme désir, en somme, d’accéder à cet état auquel peuvent prétendre le héros et le créateur. Finalement, le Percival woolfien se confond avec ce graal en lequel chacun place les motifs de sa propre recherche.

Abstract :

Our study focuses on a double metamorphosis in Virginia Woolf’s text The Waves. We shall consider the novel in relation to the text that the very name Percival refers to : Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval by Chrétien de Troyes in which one can find the invariant contents of the myth.

Our first part brings to the fore the common themes, which correspond to Gilbert Durand’s "mythèmes." Although he is described as a "solar hero," Percival is doomed to failure because of his ontological deficiency. The hero’s weapon, the sword, tears the textual cloth in several places, arising as the symbol of a conflict between the self and the world.

Then we study the passage from a traditional form of heroism to a literary form of heroism. From the sword to words, as conveying both nostalgia and salvation, the stages of a spiritual progress emerge. The hero’s journey and the creator’s experience are underlain by the same mythic pattern.

The real quest is that of Bernard who retains a nostalgia for an original wor(l)d. The end of The Waves presents the mythic birth of language. Silence and words turn out to be indissociable at this stage from the quest when Bernard opposes his heroic apostrophe to Death.

The resurgence of the Myth must be interpreted as the author’s desire to inscribe both text and being in some primeval state which contains meaning, as a desire to escape from the coercion of time and space, actually as a desire to attain that state only the hero and the creator can attain. Therefore, the Woolfian Percival is nothing but the Grail in which everyone puts his own ideals.


Intensité(s) : de l'utilisation de la couleur chez Virginia Woolf

André TOPIA (Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris III)  

 

On peut définir les couleurs chez Virginia Woolf comme une pure décharge d'intensité dont la réception s'apparente à une violence. Dans To the Lighthouse, Lily Briscoe domestique cette violence en dissociant constamment - et un peu artificiellement - le chatoiement des surfaces colorées et l'armature géométrique qui sous-tend l'espace. Dans The Waves, la couleur est à la fois une transparency dans laquelle l'être s'englue et une brèche qui vient trouer l'intégrité de la conscience. La construction problématique de l'identité se mesure aux fluctuations de l'intensité lumineuse. Dans les interludes, la montée de la clarté solaire s'accompagne de deux processus apparemment contradictoires : solidification des contours et liquéfaction des substances. La lumière apparaît ainsi liée au fantasme qui ne fait surgir l'objet halluciné dans sa clarté de contours que pour frustrer le sujet percevant d'une véritable révélation et fait disparaître au centre ce qui semble s'imposer au regard par la périphérie. Toutes les fluctuatiions des êtres woolfiens peuvent ainsi se résumer à une tension constante entre contenu sans enveloppe et enveloppe sans contenu.

Abstract :

Colours in Virginia Woolf's work can be defined as pure discharge of intensity and their perception is akin to a violent experience. In To the Lighthouse Lily Briscoe comes to terms with this violence by constantly -and somewhat artificially- dissociating the shimmer of coloured surfaces from the geometric frame which underlies space. In The Waves colour is both a transparency in which the self is caught and a gap in the very midst of consciousness. The problematic construction of identity can be measured by the fluctuations in the intensity of light. In the interludes, the rise of sunlight is accompanied by two apparently contradictory processes : solidification of outlines and liquefaction of substances. Light appears linked with hallucinated perception, which presents the object in its clarity of outlines only to frustrate the subject of any revelation and to dissolve at the centre what seems to impose itself to the eye on the periphery. All the fluctuations of Woolf's beings can be summed up in a tension between surface without outlines and outlines without surface.