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Daniel Ferrer,
"Récit, métamorphose du récit... quelques
éléments programmatiques de génétique
woolfienne."
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Récit, métamorphose du récit, récit de métamorphose du récit : quelques éléments programmatiques de génétique woolfienne
Daniel Ferrer
(ITEM/CNRS)
On ne peut pas traiter comme des réalités indépendantes le texte (le récit), la genèse du texte (les métamorphoses du récit) et la reconstruction de cette genèse (récit de métamorphoses du récit). Cet article voudrait mettre en évidence un certain nombre de chevauchements, dinteractions et deffets en retour qui interdisent une distinction tranchée.
En sinterrogeant sur lenchaînement des tous premiers projets dOrlando, dune part, et sur les principes constitutifs du Journal dun Ecrivain dautre part, on sefforce de montrer limportance des processus de découpage et de remaniement de matériaux préexistant, quils soient thématiques, textuels ou génériques, et limpossibilité de réduire la genèse à un parcours linéaire.
Abstract
:
It is impossible
to consider the text (narrative), the genesis of the text (narrative
transformation) and the reconstruction of the genesis (narration of narrative
transformation) as separate entities. The amount of interaction, overlapping
and feed back is so important that an absolute distinction cannot be established
between them.
Inquiring into
the articulation of the earliest projects for Orlando, on the one
hand, and into the ditorial principles of A Writers Diary on
the other, this paper proposes to show that selection and reorganization
of existing, thematic, textual or generic material is a pervasive process
and that genesis cannot be reduced to a linear
course.
L'Ecriture féminine
selon Virginia Woolf
Jean-Jacques Lecercle (Université Paris X-Nanterre)
Ce texte est un commentaire détaillé du compte-rendu d'un volume de Pilgrimage, de Dorothy Richardson, par Virginia Woolf. Woolf y définit, dans une formule devenue célèbre, mais problématique, une "phrase féminine". Le texte commente le compte-rendu sous la forme d'une opération tropique de grammaticalisation : les propositions de Woolf sont traduites en termes grammaticaux, ce qui donne une caractérisation grammaticale de la phrase féminine, selon neuf caractéristiques (l'opération s'inspire d'un texte fondateur de Robin Lakoff). Le texte conclut en décrivant deux polarités stylistiques en termes de filage et de tissage.
abstract
:
This essay is
a close reading of Virginia Woolf's celebrated review of a volume of Dorothy
Richardson's Pilgrimage, in which Woolf defines what she calls a "feminine
sentence". This essay reads Woolf's text under the trope of grammaticalization
: each of the nine characteristics ascribed by Woolf to the "feminine sentence"
is translated into grammatical terms. The whole operation finds its inspiration
in a seminal text by Robin Lakoff. In the conclusion, two stylistic polarities
are described through the metaphors of spinning and
weaving.
Clapham Junction 1910
(éthique et esthétique de "Mr Bennett and Mrs
Brown")
Frédéric REGARD (Université Jean Monnet-St Etienne)
Ce travail se propose de démontrer que "Mr Bennett and Mrs Brown" est l'histoire non tant d'une rencontre avec un personnage particulier que de la découverte d'un style. Partant des thèses de Jakobson sur les deux formes d'"arrangement" des unités linguistiques, le procès métonymique et le procès métaphorique, l'analyse s'inspire ensuite des analyses de Deleuze et Guattari sur le "disjonctif" pour tenter de dégager la spécificité de la métaphore woolfienne, qui prend alors la forme d'un train fantôme entrant en collision avec le train métonymique du réalisme. Ce travail insiste toutefois sur la dimension paradoxalement éthique de cette aventure esthétique : seuls les écarts métaphoriques permettent d'approcher l'unicité du character.
Abstract
:
The ambition
of the paper is to demonstrate that "Mr Bennett and Mrs Brown" presents itself
as the relation not so much of an encounter with a character as of the discovery
of a style. Starting from Jakobson's distinction between the metonymic and
the metaphoric arrangement of linguistic units, the analysis later draws
on Deleuze and Guattari's notion of "disjunction" to define Woolf's train
of metaphors as a phantom train colliding with the realist train of thought.
Throughout the article the author insists that this collision retains a
paradoxically ethical dimension. The metaphoric deviations lay out the way
to the character's
"reality".
Pour l'amour de Mrs
Brown
Michèle RIVOIRE (Université Jean Monnet - Saint Etienne)
Le mythe de métamorphose est une forme immémoriale du récit. C'est une construction fictionnelle qui articule l'histoire d'un sujet au tout autre d'une cause relevant de la tuché aristotélicienne et lacanienne : une cause par accident, indexée à un au-delà du plaisir, de la douleur et du désir, présentifiée par la mutation minérale, végétale ou animale. De même, dans les récits woolfiens, une béance est au centre de la logique romanesque, laquelle est ordonnée à des instants de vision, d'extase ou de déréliction suspendus au-dessus d'un vide causal. La fiction woolfienne privilégie le personnage par rapport à l'intrigue. La res de celui-ci, consiste dans ces "moments" sculptés dans une langue où le silence, la coupure, la stase littérale, la répétition et la circularité des rythmes aménagent le temps de la tuché et en relaient poétiquement les ratages inévitables. Ainsi la mutation est poétique et elle est ancrée dans l'innommable, le hors-sens et l'indéterminé qui constituent le dehors du langage, son autre face.
Abstract
:
The myth of
metamorphosis is an immemorial form of the narrative. It is a fiction connecting
the story of a subject to the radical otherness of a cause pertaining to
the Aristotelian and Lacanian tuché : a chance cause pointing
towards the beyond of pleasure, suffering and desire and represented by a
mineral, vegetal or animal mutation. Likewise, in V.Woolf's fiction, a gap
is at the centre of the logical causality, which is organized round instants
of vision, ecstasy or un-being suspended above a causal void. Virginia Woolf's
narratives give more importance to the character than to the plot. The
res of the character consists in "moments" fashioned in a tongue where
silences, ruptures, repetitions and rhythmic circularity, phonic and syntactic
stasis organize the temporality of the tuché, taking over from
its inevitable failures. Thus the mutation is poetical; it stems from the
unnamable, the nonsense and the indeterminate which constitute the border
between language and the real, the outer face of
language.
Virginia Woolf : "The Lady in
the Looking Glass" Portrait(s) de dame(s) avec
miroir
Liliane LOUVEL (Université de Poitiers)
Cette nouvelle énigmatique, modelée sur la forme emblématique du miroir, entraîne le lecteur dans un labyrinthe de significations révélées grâce à la torsion inlassable des signifiants filant la rhétorique du texte. La mince scène-prétexte reflète le travail de l'imaginaire et de la création, expérience métaphysique et phénoménologique. Lorsque l'invisible entre dans le champ du visible, il n'y a rien. Le sens ne peut advenir que dans le va et vient entre signifiant et signifié, dans le désir vers/de la chose. Processus narcissique, "La dame dans le miroir" révèle la chute des illusions, la nécessité de détruire le double inquiétant. L'ultime métamorphose, n'est autre que celle de la forme, celle de la nouvelle, essai-récit-théorie, celle de la singulière parole de Virginia Woolf, qui dit le rien contre le néant.
Abstract
:
This enigmatic
short story, modelled on the emblematic shape of the looking-glass, lures
the reader into a labyrinth where a plurality of meanings unrelentingly twists
the signifiers within the rhetoric of the text. The flimsy original scene
points to the role of imagination and creation, to a metaphysical and a
phenomenological experience. When the invisible enters the field of the visible,
there is no-thing. Meaning can only arise in the oscillation between signifier
and signified, in the desire of/towards the thing. A narcissistic process,
"The Lady in the Looking-Glass" tells about the collapse of illusions, about
the necessary destruction of one's uncanny double. The ultimate metamorphosis
is that of the shape, that of the short story in-between essay-fiction-theory,
that of the singular voice of Virginia Woolf, using "nothing" to fend off
nothingness.
Récit de
métamorphoses, métamorphoses du récit dans "The Shooting
Party"
Christine REYNIER (Université Michel de Montaigne-Bordeaux III)
Ces pages présentent une micro-lecture d'une nouvelle de Virginia Woolf qui n'a guère été lue que comme une caricature - lecture légitime d'ailleurs puisque "The Shooting Party" est tout d'abord caricature d'une classe, l'aristocratie terrienne, et représentation caricaturale de l'ordre patriarcal. Le récit est cependant plus complexe qu'il n'y paraît : il verse dans le fantastique, évoque des métamorphoses qui acquièrent au fil des pages une dimension métaphorique et disent l'indicible - ce que "A Sketch of the Past" prétendra révéler. Cette expérience douloureuse devient à son tour métaphore de l'origine de l'écriture. Cette nouvelle révèle encore plus sûrement que les romans la méthode de Virginia Woolf, les emboîtements de niveaux narratifs et de sens sur lesquels repose son écriture, ici véritablement jamesienne.
Abstract
:
"The Shooting
Party" has been read so far, according to the writer's wish, as a caricature.
Indeed, it offers a caricature of a class, the landed gentry, as well of
the patriarchal order. However the narrative has more depth than Virginia
Woolf chose to reveal in her diary : it borrows from fantastic literature
and depicts metamorphoses which gradually appear to be metaphors for what
cannot be spelt out - i.e. what will be revealed in "A Sketch of the Past"
much later. This indescribable experience becomes in turn a metaphor for
the origin of writing. Virginia Woolf's method, the narrative embeddings
and the shifts from the referential to the metaphoric and the metafictional
levels, are here exemplified in a nutshell, in a truly Jamesian
manner.
Du vent dans les branches
de l'orme
Barbara LAMBERT (Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)
Dans l'entre-deux-guerres, la perception de la nature change radicalement. Après la Grande Guerre, la terre, souillée par le sang des hommes, meurtrie par les tranchées, n'en continue pas moins de porter des fruits, qui découvre à l'artiste un visage à la fois indifférent et cruel. Entre le monde intérieur de l'artiste et le spectacle que la nature souveraine tend à son regard, une fracture s'est opérée, qui semble irréductible.
Réduire la fracture, c'est bien de cela qu'il s'agit dans To the Lighthouse. Réduire la fracture ou relier l'île au phare, relier, pour reprendre l'image de Lily Briscoe, "la masse de droite et la masse de gauche" ou, comme dirait Mr Ramsay, relier "le sujet et l'objet." Entre la distance qui sépare le sujet de l'objet et celle qui interdit désormais à l'artiste moderne de se reconnaître en la nature, il est tentant de jeter un pont. D'autant que le roman, publié en 1927, naît précisément dans l'entre-deux-guerres.
Si To the Lighthouse est l'histoire d'une fracture, alors cette fracture est liée à l'effondrement du principe de représentation que l'artiste avait jusque là puisé dans l'ordre naturel. En effet, le principe métamorphique sur lequel repose l'ordre naturel qui, à partir du mobile, crée l'immobile ne permet pas à l'artiste d'exprimer la réalité du monde moderne qui, comme nous le verrons, se trouve désormais à la croisée de l'immobile et du mobile.
Abstract
:
The artist's
look upon nature was completely changed between the two wars. Spoilt by the
trenches of the Great War and the blood of thousands of soldiers, the earth
had nonetheless retained its serene face : it at least could recover. After
the First World War, nature had turned into a cruel indifferent mother. As
Malcolm Bradbury put it : "nature seemed an aggression against the self and
the self seemed to be able to discover only defacement, despair and defeat."
Between the inner world of the artist and the natural world, a breach was
opened, which apparently nothing could
fill.
To the Lighthouse
is a story on how to fill the breach. It is a story on how to link the island
to the lighthouse, on how to link to use Lily Briscoe's own words
"the mass on the right hand" to "the mass on the left" or, as Mr Ramsay
would say, "subject" to "object." It is tempting to establish a connection
between the distance that separates the subject from the object and the distance
that separates the artist from nature. This is all the more tempting since
the novel, published in 1927, was precisely written between the two
wars.
If To the
Lighthouse is a story on how to fill the breach, then it may also be
a story on the debunking of the representational principle that the artist
had derived from the contemplation of the natural order. The natural economy
is based on a principle that reminds one of metamorphosis : it achieves order
through disorder, it achieves peace through perpetual movement. After the
war, the principle that governs the natural order cannot provide the artist
with a suitable representational tool any longer : to express the mobile
reality of the modern world, the artist can no longer resort to a principle
through which the mobile is invariably turned into the
immobile.
La figure, la nuit dans "Time
Passes"
Chantal DELOURME (Université de Lille III)
La représentation de l'absence à laquelle se consacre tout entier "Time Passes" est ici envisagée dans sa dimension aporétique. Explorant les modes in absentia de la représentation, transformant la demeure en crypte, hallucinant le corps invisible, "Time Passes" parvient à donner forme à ce qui n'a pas de forme, à savoir l'invisible. L'expérience de déréliction est également portée dans le champ phénoménologique, ainsi qu'en attestent les images de tissus déchirés, fendus. Se privant du voir, se détournant de l'apparaître, le passage abonde en représentations mortifères et auto-parodiques d'une apparition qui n'est plus événement mais objet distancié. L'élan spéculatif qui nourrissait la représentation romantique de la nature convoquée par l'intertexte se replie dans les images de réflexivité. Enfin cette lecture du fantômal s'attarde sur l'indiscernabilité propre au figural dans ce passage, et dont l'expression extrême se reconnaît dans les images d'aveuglement. "Time Passes" donne ainsi naissance à l'objet fantômal de la modernité, la figure-en-soi, dont il reconnaît l'emblème dans la nuit devenue joyau.
Abstract
:
This study addresses
the aporetic challenge inherent to the representation of absence, to which
"Time Passes" is entirely devoted. Exploring the modes in absentia of
representation, transforming the house into a crypt, hallucinating the invisible
body, "Time Passes" gives shape to what has no shape, namely the invisible.
The experience of dereliction is pursued in the phenomenological field, as
shown through the prevailing images of fabrics which are torn, rent. Depriving
itself of sight, no longer celebrating the process of appearing as "the"
event", the passage includes numberless self-parodic representations of an
apparition that has become a distanciated object. The speculative dynamic
on which the romantic representation of nature rested and which is summoned
up through the intertext gives way to images of reflexiveness. Lastly, this
reading of the spectral focuses on one of its modes inscribed in the figural,
namely its play with indiscernibility, the extreme expression of which is
to be found in the images of blindness. "Time Passes" could be then seen
as giving birth to the spectral object of modernism, the figure-in-itself,
the emblem of which is the jewelled
night.
Métaphore et
métamorphose dans To the
Lighthouse
Catherine LANONE (Université de Toulouse 2)
Tissu d'images, l'écriture de Virginia Woolf est à la fois sublime et irritante. Il ne s'agit pas ici d'établir une taxinomie, mais de chercher à quel point le principe métaphorique est constitutif de la représentation des mécanismes psychiques conscients et inconscients. Mrs Ramsay cherche à extraire du temps des instants précieux qu'elle cristallise dans la mémoire, en leur associant des images métamorphiques ; la greffe est perçue comme féconde, mais aussi comme une interférence parasite. La mort de la mère arrache les repères, et la métaphore prolifère, anarchique, cancéreuse, comme si la partie centrale se donnait à lire en entier comme métaphore de l'impossible travail du deuil, disséminant ses "métaflores" monstrueuses.
Metaphor
and metamorphosis in To the
Lighthouse.
Virginia Woolf's
style thrives on metaphors, an excess of images which is not merely decorative,
but indistinguishable from the mental and textual fabric. Metaphors here
are not deviant, parasitic upon the "normal" use of language, but metamorphic.
Metaphors map mental processes, reflecting the characters' attempts to use
images as moulds to transfix the moment. Mrs Ramsay's endeavour to knit
signifiers is perceived as both magic and traumatic, since her death entails
a mad proliferation of signifiers suggesting loss, trapping the narrative
voice within the maze of metamorphic, or rather anamorphic,
dispossession.
Notre étude porte sur une double métamorphose dans The Waves. Nous considèrerons le roman par rapport au texte auquel le nom de Percival renvoie le lecteur : Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval de Chrétien de Troyes qui contient tous les "invariants du mythe."
Notre mettrons en évidence des thèmes ou "mythèmes" communs aux deux textes. Bien que décrit comme un héros "solaire," Percival souffre dun déficit ontologique. Larme du héros, lépée, déchire, en maints endroits, le tissu du texte woolfien, surgissant comme symbole dun heurt entre le moi et le monde.
Ensuite il sagit denvisager la conversion de lhéroïsme traditionnel en un héroïsme littéraire. De lépée aux mots comme réceptacles dune nostalgie, porteurs dun salut, se dessinent les étapes dun cheminement spirituel. Les parcours héroïque et créateur sont sous-tendus par un même schéma mythique.
La véritable quête, cest celle de Bernard qui garde la nostalgie dune parole originelle. À la fin de The Waves, nous assistons à une mise en scène mythique de lavènement à la parole. Silence et parole sentrelacent dans cette phase ultime de la quête où Bernard oppose à lEnnemi suprême la force de lapostrophe héroïque.
La "résurgence" du mythe sinterprète comme désir dinscrire le texte et lêtre par rapport à une antériorité qui contient le sens, comme désir déchapper à la double coercition du temps et de lespace actuels, comme désir, en somme, daccéder à cet état auquel peuvent prétendre le héros et le créateur. Finalement, le Percival woolfien se confond avec ce graal en lequel chacun place les motifs de sa propre recherche.
Abstract
:
Our study focuses
on a double metamorphosis in Virginia Woolfs text The Waves.
We shall consider the novel in relation to the text that the very name Percival
refers to : Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval by
Chrétien de Troyes in which one can find the invariant contents of
the myth.
Our first part
brings to the fore the common themes, which correspond to Gilbert Durands
"mythèmes." Although he is described as a "solar hero,"
Percival is doomed to failure because of his ontological deficiency. The
heros weapon, the sword, tears the textual cloth in several places,
arising as the symbol of a conflict between the self and the
world.
Then we study
the passage from a traditional form of heroism to a literary form of heroism.
From the sword to words, as conveying both nostalgia and salvation, the stages
of a spiritual progress emerge. The heros journey and the creators
experience are underlain by the same mythic
pattern.
The real quest
is that of Bernard who retains a nostalgia for an original wor(l)d. The end
of The Waves presents the mythic birth of language. Silence and words
turn out to be indissociable at this stage from the quest when Bernard opposes
his heroic apostrophe to
Death.
The resurgence
of the Myth must be interpreted as the authors desire to inscribe both
text and being in some primeval state which contains meaning, as a desire
to escape from the coercion of time and space, actually as a desire to attain
that state only the hero and the creator can attain. Therefore, the Woolfian
Percival is nothing but the Grail in which everyone puts his own
ideals.
Intensité(s) :
de l'utilisation de la couleur chez Virginia
Woolf
André TOPIA (Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris III)
On peut définir les couleurs chez Virginia Woolf comme une pure décharge d'intensité dont la réception s'apparente à une violence. Dans To the Lighthouse, Lily Briscoe domestique cette violence en dissociant constamment - et un peu artificiellement - le chatoiement des surfaces colorées et l'armature géométrique qui sous-tend l'espace. Dans The Waves, la couleur est à la fois une transparency dans laquelle l'être s'englue et une brèche qui vient trouer l'intégrité de la conscience. La construction problématique de l'identité se mesure aux fluctuations de l'intensité lumineuse. Dans les interludes, la montée de la clarté solaire s'accompagne de deux processus apparemment contradictoires : solidification des contours et liquéfaction des substances. La lumière apparaît ainsi liée au fantasme qui ne fait surgir l'objet halluciné dans sa clarté de contours que pour frustrer le sujet percevant d'une véritable révélation et fait disparaître au centre ce qui semble s'imposer au regard par la périphérie. Toutes les fluctuatiions des êtres woolfiens peuvent ainsi se résumer à une tension constante entre contenu sans enveloppe et enveloppe sans contenu.
Abstract
:
Colours in Virginia
Woolf's work can be defined as pure discharge of intensity and their perception
is akin to a violent experience. In To the Lighthouse Lily Briscoe
comes to terms with this violence by constantly -and somewhat artificially-
dissociating the shimmer of coloured surfaces from the geometric frame which
underlies space. In The Waves colour is both a transparency in which
the self is caught and a gap in the very midst of consciousness. The problematic
construction of identity can be measured by the fluctuations in the intensity
of light. In the interludes, the rise of sunlight is accompanied by two
apparently contradictory processes : solidification of outlines and
liquefaction of substances. Light appears linked with hallucinated perception,
which presents the object in its clarity of outlines only to frustrate the
subject of any revelation and to dissolve at the centre what seems to impose
itself to the eye on the periphery. All the fluctuations of Woolf's beings
can be summed up in a tension between surface without outlines and outlines
without surface.