(réf. Etudes Britanniques Contemporaines n° 0. Montpellier: Presses universitaires de Montpellier, 1992)
63
Humour noir et classes moyennes de l'ère Thatcher dans
|
64 Cela exprime l'humour cynique de Williams qui porte sur l'humanité un regard triste de misanthrope. La photo de l'écrivain le révèle au dos du livre. Nous voici plongés dans une atmosphère sombre et cocasse, tout à la fois. Vie lugubre et dérive sournoise du couple Farr, voisins aux goûts étriqués, échantillons grotesques de classes moyennes de Wimbledon, métiers sans attraits, peur et haine raciale envers les gens de couleur, typiques de l'ère Thatcher, avec une xénophobie étendue à des zones plus larges de l'espèce humaine. Le roman est prémonitoire du "scandale Ripley" de juin-juillet 1990, mais plonge aussi ses racines dans le malaise britannique, déjà aggravé par des discours féroces d'Enoch Powell, jamais mentionné, mais qui sous-tend les propos vengeurs et l'un des crimes d'Henry Farr (2). Pourquoi Henry Farr devient-il "l'empoisonneur de Wimbledon" ? Tout se ligue contre la survie d'Elinor Farr. Elle-même dévalorise l'humble notaire aux tâches ingrates et lassantes que lui confie l'importante société "Harris, Harris and Overdene of Blackfriars, London." Pour elle, il n'inspire pas confiance aux clients qui viennent pour les procédures et contentieux. Sans savoir ce qui se prépare contre elle, elle fait remarquer :
Le long d'un sombre couloir, il se rend dans ce qui n'est pas un bureau, mais un placard, avec pour seule consolation ce qu'un agent immobilier avait appelé "a superb prospect of a ventilator shaft" : __________ 2. Pour The Wimbledon Poisoner, et la satire des classes moyennes, on doit souligner l'influence incontournable de George Orwell, et suggérer la lecture du texte humoristique sur le meurtre "civilisé, à l'anglaise," dont l'âge d'or se situe entre 1850 et 1925. les empoisonneurs cités par Orwell sont presque les mêmes que ceux chers à Williams, sauf qu'Orwell en nomme davantage (cf. "Decline of the English Murder," Tribune, 15 fecruary 1946; in The Collected Essays; Journalism and Letters of George Orwell, volume 4 : In Front of Your Nose 1945-195. Sonia Orwell and Ian Angus, eds. Penguin Books in association with Secker and Warburg, 1968 ; Decline of the English Murder. 124-128.
|
65
Blasphémateur, Farr appartient à l'immense armée des réprouvés de cette Angleterre où se fait toujours sentir l'empreinte du calvinisme. Ces considérations l'amènent à accepter l'idée de se retrouver à la prison de Wormwood Scrubbs qui peut lui offrir plus que la compagnie Harris, Harris and Overdene. Il ne peut même pas donner du travail intéressant à sa secrétaire Selinda, qui lui en demande constamment. Comme il s'ennuie sur un dossier de presque quatre-vingts pages, concernant un litige entre un locataire et son propriétaire pour un emplacement de poubelles, à Ruislip, il réfléchit à un autre divertissement :
Elinor a multiplié les fautes envers Henry. Comme les grands empoisonneurs qui lui servent de modèles, Cream, Palmer, Young, Crippen, et surtout Everett Maltby, habitant de Wimbledon, Farr souffre de l'usure du couple. Agé de quarante ans, il est confronté au refus de tout rapport intime, depuis longtemps. Comme les conjoints qui ont tué, il est soucieux de respectabilité: ni divorce, ni maîtresse, ni recours à une prostituée occasionnelle. Refoulé comme le représentant typique des classes moyennes, il ne fantasme que pour s'amuser des réactions de sa femme :
Cette amusante conversation illustre les motivations initiales qu'avait Henry de régler un vieux contentieux fondé sur l'incommunicabilité affective et sexuelle. L'assaut du féminisme de bas étage se manifeste par les cours réguliers en thérapie de groupe suivis assidûment par Elinor. Plus cultivée, Elinor manipule les autres malheureuses, et la conclusion de ces entretiens est qu'Henry est un porc. Henry ne se reconnaît pas dans les notes qu'il trouve si souvent, et que lui adresse Elinor en dialoguant par écrit. Platement, elle exprime le thème suranné d'un monde géré par les hommes, pour les hommes.
|
66 Henry pense qu'il ne saurait s'agir que d'autres hommes. Mais, lors d'un repas, Elinor lui rappelle sa sexualité grossière, à orientation masculine, et conclut avec cruauté: "Are you going to make love to that chicken?" (WP 39) On peut comprendre que ce malheureux mari ait répandu avec art du thallium sur le poulet. Et après avoir dupé le pharmacien, en faisant croire qu'il était un chercheur sur les lentilles optiques dotées d'un haut indice de réfraction, Farr a invité au repas son ami Donald Templeton, l'un des pires médecins du sud-est de l'Angleterre. Henry reconnaît qu'il n'en sait pas plus en droit que Donald en médecine. Avec l'âge Donald a acquis la déformation professionnelle du médecin: il a un regard terrifiant, boit un verre d'alcool comme s'il établissait un diagnostic. Mais tout n'est qu'apparence. Et la satire de Williams n'est pas sans rappeler du Molière, très modernisé. Les seules fois où le masque tombe sont les occasions où des invités lui posent des questions sur la santé ou la physiologie. Il ressemble à un animal effrayé. Il devient blême, cherche un lieu où fuir; on le retrouve, des heures plus tard, discutant avec un notable des problèmes de stationnement à Waitrose, avec l'autorité d'un grand praticien. Ces traits humoristiques sanctionnent en fait le déclin de tout service de santé, dénoncé par les opposants à Margaret Thatcher, mais aussi le déclin des classes moyennes, arrivistes et malhonnêtes. Henry empoisonne Donald qui devait, selon ses plans, conclure à la mort naturelle d'Elinor. La situation s'est inversée lors du dîner à trois, où Donald s'est régalé du poulet partiellement empoisonné, sans repérer le goût de ce "thallium à la mode de Wimbledon, de cette 'nouvelle cuisine' au thallium" (WP 38). Désormais, le roman devient plus tragique, sans cesser d'être persifleur et drôle, à sa façon. L'ironie devient plus cruelle. Henry a tué un ami, il en éprouve du remords. Sombrant dans un délire de culpabilisation; il s'excuse envers Donald qui lui répond, d'outre-tombe, que cela ne change rien à leur affection mutuelle. L'erreur est humaine! Pour résoudre le problème qui reste entier - Elinor -, Henry va s'acharner sur ses voisins de Maple Drive.
Le mal-marié devient l'empoisonneur des classes moyennes, décadentes et méprisables : Henry Farr se croit justicier. Henry va profiter de ce que la communauté de Maple Drive appelle "Donald's funeral breakfast" (WP 112) pour éliminer sa féministe d'épouse avec des produits détergents, puisqu'elle lui a abandonné les rudes tâches ménagères et le soin de faire les courses. Farr regarde ces produits avec amour : |
67
Evidemment, Farr veut empoisonner plusieurs personnes pour accréditer la thèse du tueur psychopathe. Elinor sera l'une des victimes. Henry s'empoisonne légèrement pour être disculpé d'office. Mais il poursuit une plus noble tâche: éliminer une partie des médiocres qui témoignent du déclin britannique. Il a si souvent observé ses insignifiants ou ridicules voisins, entendu des ragots lamentables. Il possède une Volkswagen Passat aussi exaltante qu'une visite au supermarché, son principal usage. Il hait la passion piteusement romantique vouée par le voisin, employé d'une entreprise pharmaceutique, à sa Mitsubishi. Apercevant le "numéro 47" regarder, chaque matin, sa flamboyante voiture avec un regard angoissé et des tics faciaux, Farr a trouvé une formule de dérision :
Farr envisage de se livrer au vandalisme contre la voiture pour soulager 47 de son angoisse (WP 18-19) Farr méprise la vacuité du numéro 51 :
Les voisins, indifférents au sort de Donald et à l'étrangeté de sa mort, ne songent qu'aux boisons alcoolisées qu'ils apportent pour la fête consécutive aux funérailles et sont jaugés sans tendresse ou avec drôlerie :
Même l'inspecteur Rush, numéro 38, a déplu à Farr par son obsession antialcoolique, Farr s'en méfie: on surnomme Rush "Neighbourhood Watch" pour son zèle inhabituel. Mais |
68 l'idée du punch au détergent qu'Henry prépare lui apporte une sardonique sérénité :
Farr suit le déroulement des réjouissances en constatant que ses invités s'habituent à sa boisson; malgré quelques réticences au début, ils trouvent cela original et délicieux, à l'exception du policier qui observe lui aussi, avec son flair instinctif, et ne boit rien. Farr estime que son oeuvre revalorise l'Angleterre authentique et élimine des personnages creux qui hantent son esprit et le persécutent. Wimbledon est un morceau d'Angleterre qu'il va libérer de ses médiocres ou de ses monstres.
Farr exprime le malaise des années 1980 dans les milieux de moyenne aisance, qui vivent dans des banlieues tristes, malgré tout. La nostalgie des grandeurs défuntes peut faire naître, à partir d'une mésentente conjugale, le mythe du vengeur et justicier. Il est vrai que la conduite des invités, vite en proie à une ivrognerie des plus vulgaires, donne quelque valeur aux réflexions de Farr - le masque de N. Williams. Seul David Sprott se préoccupe d'éduquer les autres sur la signification des dents pour évaluer une société; il regrette que les Britanniques négligent aujourd'hui leur hygiène dentaire. C'est un signe de déclin, et sur ce le dentiste tombe raide mort. Mais les réactions immédiates justifient le mépris de Farr. Les invités ne manifestent pas de compassion, ils demandent davantage de punch, ils sont ivres au point de ne pas comprendre l'oeuvre de mort qui les concerne aussi. Edwina Sprott hurle des propos d'une rare obscénité à l'intention de son mari; ivre, elle n'a pas compris ce qui s'est passé. Et parmi les malades très atteints, Williams n'oublie pas les numéros 32 et 48 :
Seule Elinor prodigue ses soins au mieux, mais après que l'on a dénombré trois morts, seulement, les gens se désintéressent de l'affaire, et la morte de quatre-vingt-douze ans ne leur semble pas devoir figurer dans le décompte, de l'avis de tous (WP 149). Si Farr est un |
69 cas psychiatrique, ses voisins sont des sociopathes. Tout est inversé par le regard ironique et amer de Williams. Au club de golf qu'ils fréquentent, le Nazi qui a échappé à la Justice à Nuremberg s'étonne auprès de Rush qu'il ne s'adresse pas au "coroner," ces morts semblant bien suspectes, et les habitants ne se regardent plus dans la rue. En jetant sur lui un regard d'acier, Rush lui réplique qu'il le voudrait bien, mais qu'il n'a pas les mains libres, étant un participant à la fête :
Gunther bat en retraite, et choisit un autre parcours de golf pour se remettre de ses émotions. Williams poursuit sa satire des classes sociales moyennes en s'attaquant à la Justice. Nul n'a la moindre idée du lieu où se trouve ce magistrat :
Ce passage révèle les intentions profondes de Williams: montrer la dérive des couches aisées de la population, appauvries par onze ans de rigueur, sur tous les plans. L'austérité économique et morale a engendré un surcroît de cupidité et d'immoralité. Le projet de Margaret Thatcher a produit son contraire. Les profiteurs de la crise et les aigris méprisent les valeurs humaines qui fondent une société civilisée. Cette barbarie, saupoudrée d'hypocrisie, grandit le criminel à ses propres yeux. Il se sent devenir plus à gauche, car la mesquinerie de ces banlieusards est bassement provinciale. Ce roman d'humour noir verse dans la réflexion politique. L'instabilité des esprits traduit le lent passage au paupérisme, diffus et au mieux retardé. La misère sexuelle, affective, professionnelle de Farr est symbolique de la misère sur toute la décennie 1980. Il manquait à l'exterminateur une victime des classes moyennes, une victime de choix, le psychanalyste Gordon Macrae, coupable de l'inférioriser, même si Henry ne le consulte jamais. Il lui avouerait ses instincts meurtriers, sa haine absolue de tous, sa boulimie, son
|
70 absence de scrupules, son manque de talent, et qu'Elinor le traite "d'égout béant.".. Farr désigne les "psy" et leurs méthodes par des mots orduriers. La fête d'Hallowe'en va consacrer le trépas de Macrae.
Et pendant la fantasmagorie organisée pour Hallowe'en, Gordon meurt en mangeant une pomme remplie d'acide prussique. Il était occupé à disserter sur la Pomme du Désir au Jardin d'Eden, la pomme étant un principe féminin. Il avait conclu avec une belle assurance :
Ce meurtre déclenche, enfin, une hystérie collective à Wimbledon. Plus personne ne se rend sans terreur dans un restaurant. Les mass media ont intensifié le phénomène et, désormais, l'affaire de l'empoisonneur psychopathe intéresse Karim Jackson, Directeur de "Brawl Books, London N1" (WP 209). L'humour grinçant de Williams se porte sur le thème incontournable d'une société britannique, définitivement multiethnique, mais en proie au désarroi et à une angoisse généralisée. Williams fait un clin d'oeil à Orwell qui n'échappait pas à tout racisme en citant :
Et le rire est, souvent, selon Sophocle, une façon d'exorciser sa peur. Le Thatcherisme et l'anglicité, revus et corrigés par Williams Lors du dîner fatal à Donald, les deux amis avaient évoqué les agressions imputées aux gens de couleur. Henry avait affirmé qu'il ferait justice lui-même, pour pallier la carence des autorités, si la famille était attaquée par de jeunes Pakistanais. Il avait suggéré à un policier de rechercher un Noir entr'aperçu, à la suite d'un cambriolage dont les Farr avaient été victimes. Ce détective, à la fois naïf et rusé, représentait une Angleterre aussi morte que l'étalon-or. Farr n'avait pas obtenu l'enquête "ethnique" :
|
71
Donald partage les vues d'Henry: l'Angleterre était le pays le plus civilisé du monde. Il met en cause le gouvernement Thatcher :
Henry estime que Donald oublie les efforts de "Maggie" pour remédier au mal. N'est-il pas juste, à nouveau, grâce à elle, d'être raciste? Après des vitupérations contre les Grecs et autres étrangers, le médecin décrit son Angleterre idéale :
L'ironie involontaire de ce propos fait surgir le mythe des repas fraternels du temps jadis. Donald ne sait pas qu'il va mourir empoisonné par un autre Anglais dans cette atmosphère conviviale. Généreusement, Elinor défend les gens de couleur: la Grande-Bretagne doit demeurer une terre d'accueil pour tous les malheureux, d'où qu'ils viennent. Mais l'esprit troublé d'Henry va évoluer du racisme ordinaire à celui qui ne l'est plus: à l'origine une lettre qu'il avait reçue de Karim Jackson. Il s'excusait, après beaucoup d'autres éditeurs, de ne pouvoir publier The Complete History of Wimbledon, in nine volumes, écrite laborieusement par Henry Farr. Jackson lui avait suggéré courtoisement de rédiger une petite brochure pour la société d'histoire locale. Humilié à nouveau, Henry se demande pourquoi ce Pakistanais méprise la banlieue la plus importante du monde occidental. Ce refus est-il en rapport avec le tennis, mais on joue au cricket au Pakistan ? Henry s'offusque de la position de directeur que détient Karim Jackson. La seconde lettre de l'éditeur, adressée au Rush, a une visée sociologique, et le policier peut l'aider à mieux comprendre Wimbledon et son tueur psychopathe. Rush communique la lettre à Farr. Le repas à trois se déroule dans une petite taverne turque: "Mehemet's Cave of Pleasures" (WP 222). Ce restaurant tranquillise les habitants. Le cuisinier travaille devant ses hôtes, il a placardé: "Bring your own vinaigrette" (WP 220). Farr pense que la saine tradition |
72 d'empoisonnement sous l'Empire Ottoman peut expliquer cette subtilité. Devant Karim, Farr se promet de garder son sang-froid et de faire taire sa rancune. Il reconnaît la prestance et la culture de Karim, dont le charme physique s'allie au plaisir de converser avec lui :
Karim pense que le tueur commet des crimes écologistes, à visée raciste, à la mémoire de l'Empire britannique et en vertu d'un environnement qu'il juge globalement malsain :
Karim rappelle le massacre d'Amritsar (1919), entre autres. Henry n'a pas apprécié ces réflexions, ni la taquinerie de Karim, qu'il a mal interprétée: "Is your wife green ?" Il s'agissait d'introduire le thème écologique, mais Henry rétorque en silence :
En abordant la nécessité de construire une société multiraciale, harmonieuse, riche en créativité, Jackson a exaspéré Henry qui se voit contraint de lui donner raison et de reconnaître qu'il est un brave homme. Il commence à délirer sur sa propre personnalité et se perd en contradictions sur ses sentiments envers Karim :
Williams brouille les pistes, Farr et Rush ne comprennent rien à la mort brutale de Karim, qui avait dégusté une salade à la strychnine. Farr se demande s'il n'est pas amnésique. Il a échoué sur tous les plans. Il n'a pas déstabilisé la société bourgeoise, selon The New Statesman (WP219), seulement découragé les gens d'aller au restaurant. Son crime raciste n'en est pas un. Karim s'appelait Dave, il avait adopté ce prénom parce que le premier époux de sa mère était originaire de Rawalpindi. La nature avait donné à Dave Jackson une peau mate pour des raisons incompréhensibles, mais sans rapport avec l'ethnicité.
|
73 Henry aura tout raté dans sa vie, même ses crimes. Culpabilisé par ce sixième meurtre, absurde et dont il doute de la paternité, Farr sombre dans un état délirant. Il crie sa culpabilité dans la plus grande indifférence, il hurle qu'il est un tueur dément. Cet épisode rappelle clairement Raskolnikov avouant son crime, mais Williams n'a pas vraiment imité Dostoïevski. Mystique, le grand romancier russe a inventé un tueur lucide qui défie Dieu et la Justice, puis se repent. Selon moi; Williams franchit un pas. Son imagination nous présente un psychopathe protéiforme, à l'esprit bouillonnant d'idées, mais malade. Farr le déclare inlassablement (WP 269). Williams se démarque de son inspirateur en contestant la notion de libre-arbitre pour les forfaits perpétrés par Henry Farr. Le dénouement, inattendu, stupéfiant, blasphématoire, d'une originalité puissante, préparé avec l'art subtil des fausses pistes, ne peut être révélé. Ce roman est, à sa façon, une émanation du genre "policier." Il faut le lire, tout simplement.
|
(réf. Etudes Britanniques Contemporaines n° 0. Montpellier: Presses universitaires de Montpellier, 1992)